Recreation

Le soleil brille
Juste un rayon
Perdu dans ton ombre
Non,je ne parlerai pas d'amour.
Non, je n'aimerai plus jamais.
Même l'opération n'a pas réussie
Échec chirurgical sur cet organe vital
Tu t'es acheté un gilet
Tu es si doux
Sous notre parapluie de nuit
Je marche. Il se trouve que tu es là.
Comme toujours.
Tu ne suis jamais personne
Tu chasses l'ombre en souriant
L'arbre est tombé
Au milieu du chemin, la paille à volé
Tu ris, imbécile!
Tu m'aimes, crétin!
Tu ne sais donc pas que je n'aime que moi
Tu t'es construit une cage pour y voler
Tu m'as construit une forêt pour m'y abriter
Tu t'es enveloppé de plumes
Innocent qui veut se poser sur mes branches
Je n'aimerai jamais.
Tu me gènes et tu le sais.
Mais ,à pas rapides tu continues de marcher.
Tu parles. Tu ris. Tu vois bien que je suis morte.
Morte!
Cesse donc d'être heureux! C'est indécent!
Ta gueule l'oiseau, tu n'as même pas de nid.
Tu dors là où je marche
A même la terre, les yeux à l'envers
Les cheveux en bataille, un tapis pour mes pieds
J'y frotte mes bottes pleine de boue
Avant de me coucher
Je te regarde dormir des heures entières
Sans plus penser à rien.
Pas de remord
Pas de scrupule
Pas de reconnaissance
Pourquoi m'aimes-tu?
As tu choisi ta mort. Chevalier
Imbécile! Pauvre chien!
Ne vois tu pas que je te hais
Ne vois-tu pas ce ventre souffrir?
Ne vois-tu pas ces pieds immobiles?
Cette immobilité de mes lèvres scellées
Ne vois-tu pas ce couteau, planté dans mon dos?
Pauvre con. Va! Fui!
Je suis une truie qui n'aime que ma boue
Tu te prends pour une bouée qui va nous sauver.
Sacrifice.
Je me suis cousu les yeux pour y voir enfin.
Je me suis faite sourde pour m'entendre un peu.
Va! Espèce de sot!
Tu ne peux voir ni écouter pour moi
Je ne t'aime pas
Je me suis cousu le sexe pour toujours me rappeler son souvenir
La mémoire est dangereuse
Mais bien meilleure que la vie
Fuie,enfant.
Ton cœur me donne la nausée.
Le soleil brille idiot.
Met tes chaussures et fais bien tes lacets.
Il est bientôt trop tard.